Le 10 février s’est ouvert aux Arts Décoratifs une exposition, comme Paris n’en avait pas porté depuis longtemps, une mise à l’honneur du détail. En effet si la dernière exposition des Arts Décoratifs avait brillée grâce à la quantité de documents annexes, filmiques, musicales ou photographiques ; leur nouveau projet s’articule avant tout sur une collection riche et éclectique réunie par Loic Allio.
Ce dernier nous fait ainsi voyager chronologiquement à travers les siècles. Nous découvrons petit à petit que l’unique objet du bouton tend rapidement à une fonction de point prépondérant dans la construction de l’habit, objet de beauté et non plus seulement pratique. Au fil de l’avancée de l’exposition des peintures se mêlent aux boutons, puis des robes, des redingotes ; des chaussures masculines ou féminines et les pièces des plus grands créateurs viennent étayer les propos des panneaux, extrêmement bien rédigés, qui guident le visiteur avec une note d’humour et beaucoup de poésie. On notera par exemple avec plaisir beaucoup de créations de Paul Poiret, plutôt délaissé lors des dernières expositions tenues à Paris. Mais les grands noms ne seront cependant pas absents ; Christian Dior, Elsa Schiaparelli ou encore Jean Paul Gauthier habiteront les Stockmen sur l’ensemble du parcours. Un délicieux moyen de confronter la masse d’informations réunies pour cette exposition à de vraies créations. Car c’est un véritable puit de savoir que nous délivre chaque étape de l’avancée.
Bien heureusement le propos de l’expositions reste complet et intact, le boutons est mis en exergue, tanôt ainsi qu’une œuvre d’art, tantôt ainsi qu’un objet de richesse, pure démonstration. C’est bien sous toutes ses coutures que le boutons nous est montré. Avec une collection de plus de 3000 pièces le visiteur découvre non sans un certain émerveillement la diversité de cette objet qui aujourd’hui nous semble plus que banal. En diamant, en peau d’éléphant, en bronze, les motifs les plus extravagants se succèdent en démontrant une inventivité renouvellée jusque dans les années 80, à l’aube du déclin du bouton. A bien des égards c’est une exposition pleine de douceur qui nous est proposée mais aussi pleine d’histoire. Les boutons, support d’expression, de rébellion ou de représentation, portent en eux les marques des troubles historiques qu’il faisait alors sens de porter.
Contrairement au Palais Galliera, où il arrive que les expositions soient un peu justes en matière de contenu, le Musée des Arts décoratifs possède un espace important pour cet effet. Il peut ainsi proposer un contenu tout aussi passionnant que celui de Galliera, dont je ne me lasse pas de faire l’apologie, mais plus complet et étendu. De manière générale, c’est un bond dans le temps qui nous est permis grâce à l’exposition Déboutonner la Mode. Un bond dans le temps où l’on nous enseigne le raffinement à la Française, intimement lié à la mode Britannique mais aussi où l’on nous montre combien le détail puise son importance démesuré dans sa contingence. Car c’est également ce qui fait la beauté de l’art et ce qui a transformé le bouton en œuvre d’art en donnant tous son sens à l’expression selon laquelle « du besoin naît la créativité ».
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