Longtemps considérée comme une normalité auprès des occidentaux, la mode se reposant sur les dynamiques colonialistes fait aujourd’hui l’objet d’une grande remise en question. Désormais on en appelle à une mode plus respectueuse des cultures et des peuples du monde entier.
Les dynamiques colonialistes concernent l’appropriation culturelle, le colorisme, la fétichisation ou bien l’exploitation de ressources. Quoi qu’il en soit, l’industrie de la mode reflète encore de nos jours les relations de pouvoir et d’influence entre les pays colonisateurs et ceux colonisés. Les changements sont en cours, il reste cependant quelques progrès à faire.
Le lien entre la mode et le colonialisme en Europe
Le colonialisme moderne s’est étendu sur 500 ans : du XVe au XXe siècles, avec une apogée à la fin des années 1930.
Ce long épisode de domination des européens sur d’autres nations, principalement les pays d’Afrique et d’Asie, a eu un impact sur l’industrie de la mode occidentale et ce sur divers aspects :
- L’appropriation culturelle, au travers des styles vestimentaires et des motifs des cultures. Ces réinterprétations ont été faites pour correspondre aux normes occidentales, sans respect ni reconnaissance des peuples d’origine.
- L’exploitation des ressources et des savoir-faire qui concernait principalement les matières premières utilisées dans l’industrie textile comme le coton. Les artisans locaux ont quant à eux été exploités pour produire à moindre rémunération des articles destinés à l’exportation vers l’Europe.
- Le colorisme, qui renvoie aux stéréotypes liés à la couleur de peau. Les modèles de mode à la peau foncée ou aux yeux asiatiques étaient sous-représentés au profit des normes de beauté eurocentriques. De même, les coloris des collections de vêtements étaient conçues pour s’adapter aux teints de peau claire.
- La fétichisation, où culture et attributs physiques étaient réduits à une vision superficielle ou sensationnaliste pour répondre à des fins commerciales européennes. C’est ainsi que l’on a pu voir certains symboles ou motifs de vêtements traditionnels dépouillés de leur signification ou de leur contexte culturel.
La prise de conscience et les actions menées
Depuis l’évolution des mentalités face au racisme et aux répercussions colonialistes, l’industrie de la mode est entrée en lutte et fait de ce combat une priorité.
Nombreux sont les acteurs qui prennent des mesures afin de contrer cette dynamique colonialiste. En voici quelques exemples :
- La promotion de la diversité et de l’inclusion des couleurs, des corps et des cultures dans les campagnes publicitaires et les défilés.
- La sensibilisation du public. Les consommateurs sont encouragés à s’interroger sur l’origine de leurs achats et à soutenir les marques qui font l’effort d’adopter des pratiques éthiques et respectueuses des traditions et des cultures.
- La prise en considération des significations culturelles des éléments intégrés aux créations. Désormais les designers sont tenus de s’interroger sur l’importance de ces éléments pour les communautés référentes, d’engager un dialogue avec elle et obtenir un consentement de leur part pour l’utilisation de leur culture dans la mode.
- L’engagement à mettre fin à l’exploitation des savoir-faire locaux par le biais de collaborations avec les artisans et des rémunérations équitables.
View this post on Instagram
La polémique n’est jamais loin
L’industrie de la mode a certes fourni des efforts considérables afin de se défaire de liens qui l’ont longtemps entravé aux dynamiques colonialistes, cependant les marques font encore aujourd’hui l’objet de quelques polémiques qui les mettent en porte à faux, notamment avec la Chine.
L’une des plus récentes et qui a fait couler pas mal d’encre remonte à 2021 et concerne la maison de couture Dior. Un centre d’art à Shanghai avait organisé l’exposition intitulée “Lady Dior” en l’honneur de la célèbre marque de luxe. Une photo exposée a jeté le feu aux poudres lorsque de nombreux internautes se sont offusqués que la photo “nourrisse une version stéréotypée et occidentalisée de la population chinoise”.
View this post on Instagram
L’image présentait une mannequin aux yeux bridés, une teinte de peau foncée et vêtue d’habits traditionnels accessoirisés d’un sac à main Dior. Une représentation en contradiction totale avec les standards actuels dans le pays du soleil levant qui veut que l’idéal de beauté soit caractérisé par des personnes à la peau claire et aux grands yeux ronds.
Marque et photographe (elle-même chinoise) se sont confondues en excuses. Dior a retiré la photographie de l’exposition et s’est engagée auprès des autorités chinoises à passer en revue toutes les œuvres publiées.
Suivez-nous sur Instagram