Durant cette semaine de la mode masculine, nous avons échangé avec le Lauréat du Prix International Woolmark 2016, Suket Dhir. Il nous a fait part de son parcours en tant que créateur et de l’évolution de sa marque éponyme spécialisée dans le prêt-à-porter masculin.
KODD MAGAZINE: Pouvez-vous nous parler de vous et de SUKETDHiR ?
SUKET DHIR: Je vis à New Dehli, après avoir essayé énormément de choses, je me suis rendu compte que j’étais fait pour le design. Trouver ma voie m’a pris 6 ou 7 ans mais j’ai intégré une école de design en 2002 de laquelle je suis ressorti diplômé en 2005. J’ai commencé à travailler en 2005 avec une marque de jeans, j’y suis resté trois ans. Entre temps, j’ai fais une pause pour pouvoir lancer ma marque en fin octobre 2010 qui, va sur ses 7 ans aujourd’hui. Avec mon équipe, nous avons également eu la chance de remporter le prix Woolmark International 2016. Nous proposons des vêtements pour homme fait-main, en reprenant beaucoup de techniques de confection traditionnelles indiennes que nous modernisons pour donner une nouvelle esthétique globale. Notre approche de la mode vient de différentes perspectives. Au lieu de se demander comment les vêtements vont rendre sur le porteur, nous nous posons plutôt la question « Quel rendu le porteur va-t-il donner aux vêtements ? ». Nos vêtements s’adaptent à la personnalité de celui qui les porte.
KM: Vous avez débuté avec votre nouvelle collection chez White Man and Woman, pourquoi avoir fait ce choix ?
SD: Je fonctionne beaucoup à l’instinct. En tant que jeune marque, nous avons également certaines restrictions en terme d’investissement. C’était pour nous une première expérience, qui s’est avérée être très réussie. Nous avons reçu beaucoup d’attention de la part des médias durant l’année. En tant que marque émergente, nous n’avons pas les moyens de nous offrir un show à Paris ou à Londres, mais si dieu le veut, dans le futur, nous adorerions pouvoir le faire.
KM: Parlez-nous de votre succès au prix International Woolmark 2016.
SD: Absolument. Cette victoire veut tout dire pour moi, elle m’a permis d’avoir une estime et une confiance pour mon travail que je n’avais pas forcément avant. J’essaie de me fixer des objectifs plus hauts désormais. Je n’ai plus peur de voir grand, tout me semble possible désormais si j’y met mon cœur et ma passion. Cela nous a également lancé sur le marché international, alors que je pensais que le reste du monde n’était pas forcément prêt pour ce genre d’esthétique. Ce prix nous a donné une réelle exposition vis à vis du monde.
KM: Pourquoi le milieu de la mode ?
SD: Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai essayé diverses choses. J’ai fait un an de business, mais j’étais vraiment mauvais donc je n’ai pas poursuivi. Ensuite, j’ai entamé un bachelor en applications pour ordinateurs. J’ai fait la première année, mais la seconde comprenait beaucoup de codage et j’étais vraiment très mauvais pour ça, j’ai donc quitté ce cursus. J’ai fini par intégrer une formation de web design, qui m’a d’abord plu puisque je pouvais exprimer ma créativité, mais dès que nous sommes rentrés dans la parte e-commerce je me suis retrouvé totalement perdu. C’est à ce moment que mon père, qui m’aidait jusque-là, m’a demandé de trouver ma propre voie, un moyen de gagner de l’argent. J’ai donc travaillé en tant que vendeur de pièces de téléphones pour les Etats-Unis. J’y ai travaillé pendant quasiment un an. Durant tout ce temps, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire mais en revanche je savais ce que je n’avais pas envie de faire. Un jour, je discutais avec un ami, et nous avons réalisé que j’étais bon pour tout ce qui relevait de l’art, que j’avais un intérêt particulier pour les vêtements depuis longtemps, que j’aimais aider mes amis à s’habiller, à les conseiller lorsqu’ils achetaient des vêtements… Mon père et mon grand-père avaient également travaillé dans le milieu du vêtement. En regroupant tout ça ensemble, je me suis rendu compte que j’avais un réel intérêt pour la mode et c’est ainsi que j’ai postulé pour une école de mode, et que tout s’est enchaîné.
KM: Pouvez-vous nous décrire votre univers et le Style de SUKETDHiR ?
SD: Je ne sais pas ce que ça deviendra dans le futur mais pour l’instant ce sont des vêtements simples, dans lesquels on se sent bien jusqu’à en oublier qu’on le porte. C’est ma vision de mes vêtements.
KM: Quelles sont vos influences, inspirations ?
SD: Je m’inspire beaucoup de mon héritage indien. Il est pour beaucoup dans mon processus de fabrication, et de création.
KM: D’autres projets futurs à venir ?
SD: Je tiens à me concentrer sur mes produits et designs, mais je reste ouvert aux collaborations internationales. Pourquoi pas créer des sacs ou même des chaussures… Nous avons déjà collaboré avec une marque appelée Nicobar. La collection n’est pas encore disponible, mais nous avons collaboré avec eux et c’est ce genre de projets que je souhaiterai voir plus à l’avenir car, nous avons un réel développement depuis environ 6 mois.
KM: Un dernier mot pour nos lecteurs ?
SD: Mon dernier conseil serait de garder les yeux sur toutes les bonnes choses qui arrivent dans le monde. C’est très important de se concentrer sur le bon. Je le dis puisque c’est ça qui m’a amené où j’en suis aujourd’hui.
Propos recueillis par Angela ANZ
Traduction Matthieu DONKENG ALIMETA
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