Dites au revoir à la musique classique et bonjour aux sonorités urbaines et afro. Car oui, Onikae est unique en son genre, elle marque la différence en interprétant les plus grands hits avec son violon et sa douceur. Rencontre avec une musique d’ici et d’ailleurs.
Brigitte Osei : Onikae, pouvez-vous vous présenter à nos chers lecteurs ?
Onikae : Je m’appelle Onikae, c’est mon nom d’artiste, je suis violoniste et la petite particularité de la musique que je fais, c’est que j’utilise le violon, qui est connu pour être un instrument classique, sur un répertoire qui change un peu, qui sort de l’ordinaire, donc plutôt hip-hop, afro et musique caribéenne.
D’où vous vient cette passion pour la musique et votre pratique du violon ?
Alors, je risque de vous décevoir, mais je ne sais pas si j’ai une passion pour la musique. Je sais que ça n’est pas forcément commun, mais pour vous faire comprendre, je m’identifie vraiment à l’image du sportif de haut niveau. Donc ok, on aime ça, ok, c’est une passion, mais au stade où ça nous demande des sacrifices, je peux plus appeler ça une passion, c’est encore plus que ça. C’est une relation d’amour.
Sinon, ça fait une quinzaine d’années, que je fais du violon, je ne compte plus et ce type de musique, ça fait un an et demi.
“Il ne faut pas être bon, il faut être excellent partout et tout le temps et parfois, c’est fatiguant.” Onikae
Et justement, qu’est-ce qui est compliqué dans cette pratique ?
Déjà, il y a deux types de difficultés dans un instrument de musique : la première, c’est celle du répertoire. Le violon a cette réputation d’être un instrument de virtuose, donc complexe. Le deuxième paramètre est celui de la concurrence, cet instrument suscite quand même pas mal de vocation, au moins dans le milieu de la musique classique. La compétition est rude, surtout au niveau des auditions. Il ne faut pas être bon, il faut être excellent tout le temps, et c’est fatiguant. Mais inversement, il y a aussi beaucoup d’aspects positifs. Il y a une espèce de poussée d’adrénaline qu’on peut ressentir aussi chez les sportifs. Le sport prend une place très importante dans ma vie et ça m’aide aussi dans ma pratique du violon.
Et quelles sont les sensations que vous ressentez en faisant du violon ?
Jouer du violon, c’est comme être sur un nuage, on est complètement déconnecté et cette sensation est juste incroyable, c’est comme sauter en parachute, on ressent quelque chose d’extrême.
Vous êtes donc en train de vous professionnaliser, que faites-vous durant vos prestations ?
Il y a la prestation scène et la prestation studio avec des artistes, qui peut s’étendre même à la prestation clip vidéo. J’essaie de voir avec les clients ce qu’ils attendent le plus précisément possible et en fonction de ça, je leur propose un devis. J’ai un style bien à part, qui peut être dévalorisé, donc c’est extrêmement compliqué de s’imposer, on n’est pas compris et ceci peu importe le milieu. Dans les milieux urbains, voir du violon en premier plan reste novateur, de par l’image élitiste de cet instrument et dans les milieux de musique classique, tous les gens qui font du violon veulent vous mettre dans une boîte, sauf que je ne veux juste pas être catégorisée. Je recherche une forme de liberté dans mon travail.
Je fais extrêmement attention à mon image durant les prestations pour ne pas me fermer des portes, je pense que c’est important quand on est une jeune femme et encore plus quand on est métisse. Je parle d’image, car les gens, avant d’écouter notre musique, nous regardent d’abord. J’ai déjà eu des commentaires du genre : “ouais, tu es belle”. Dans un sens, c’est dommage, car je préfèrerai être encouragée pour mon art.
Comment définissez-vous votre style musical ?
Alors, je différencie ce que je dois faire pour mon client et mes préférences. J’aime particulièrement le hip-hop, tout ce qui est musique mélancolique, parce que piano-rap et violon se marient à merveille. J’aime aussi l’afro, le zouk, la dancehall, la soca, tout comme le côté très sentimental de la musique orientale. J’ai un style très varié.
Ce que vous faites est assez moderne, n’avez-vous pas peur que ça s’estompe dans le temps ? Ne va-t-on pas revenir au classique ?
Alors, la musique classique, je ne veux pas en faire, non pas parce que ça ne me plaît pas, mais plutôt parce que je trouve que la proximité avec le public est absente. Il n’y a pas d’échange et moi quand je joue, je partage. Je veux faire participer les gens en face de moi, quand on est bercé par le public, c’est une force incroyable. Le souci, malheureusement ou heureusement, c’est que ma musique est si surprenante que le public reste stoïque, il est surpris, ils n’ont pas de réaction, donc ils vont prendre leur téléphone portable, créant une barrière, sauf que nous avons besoin d’énergie aussi pour donner en retour.
Finalement, je pense que ce répertoire novateur correspond aussi à des nouveaux besoins, y compris dans l’industrie musicale où on « revient aux sources ». C’est donc une forme de modernité, c’est sûr. Maintenant le classique, c’est ce qu’il y a de plus technique donc forcément ça va durer…
Onikae accorde une grande importance à encourager les jeunes musiciens à investir sur eux même et dans leur matériel, même si cela a un coût.
Pour revenir sur la passion, les craintes…
Je pense que la passion, c’est ce qui nous permet d’investir, mais parfois quand on fait de sa passion son métier, ça peut se transformer en obligation, c’est ce qui me fait peur. Vous savez, il y a des matins où j’ai envie de tout arrêter, d’autres où je suis en larmes, et ça arrive à tout le monde, c’est normal. Donc voilà, je n’aime pas le mot ‘passion’ car il renvoie à une forme de positivité extrême qui est fausse selon moi. C’est un mot qui ne me reflète pas.
Un dernier mot pour définir le violon ?
Wow, j’ai envie de dire sacrifice ou investissement… non finalement, je dirais “Worth it” en anglais, “ça en vaut la peine”, c’est suffisant. Quand je joue, quand je rencontre des gens, même étrangers, on parle la même langue, celle de la musique, c’est juste magique !
Retrouvez la violoniste sur ses comptes Instagram (@Onikae) ou Youtube (Onikae3096).
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