En tant que femme noire, j’ai eu l’envie de rédiger cette lettre ouverte. En effet, ce mouvement causé par la mort de George Floyd, tué parce qu’il était noir, a engendré l’effervescence d’un ras-le-bol collectif ayant mené à des mouvements de révolte. Des mouvements que je défends, pour cause: je me sens et je suis concernée. Je vis et je vois au quotidien racisme, discrimination, injustice ainsi que diverses épreuves que je n’aurais subit si je n’étais pas MOI.
Le problème n’est pas la France ou votre pays de résidence. Le problème vient de ceux qui prennent les décisions et de l’éducation. Que ce soit l’Etat français ou un autre, la source du problème vient du fait qu’on ne montre pas assez que le racisme n’est pas que le combat des opprimés mais de tous ceux qui sont contre les oppresseurs.
Voici quelques réflexions que j’ai eu depuis que j’ai créé Kodd Group en octobre 2013: “Je pensais que vous étiez asiatique et que vous aviez la quarantaine”, “Es-tu sûre d’être la fondatrice ?” “Je suis sûr que tu mens, prouve moi que c’est ton entreprise!”, “Sinon, vous êtes la porte-parole de Kodd ? La chargée de communication ?”, “Les gens comme vous ne font que des projets communautaires”, “J’ai été surpris de savoir qu’une noire, une femme, était à la tête de Kodd”, “Tu déclares tes factures ?”, “Votre entreprise existe ?”, “Avez-vous un Comptable ?” … La liste est LONGUE…. Je ne vous écris pas toutes ces histoires pour me victimiser, loin de là. Mon but est de vous faire comprendre ce que JE VIS AU QUOTIDIEN, ce que finalement beaucoup de personnes noires vivent au quotidien. Ces paroles m’ont fait douter étant plus jeune mais je n’abandonnerai pas!
Avant George Floyd, il y a eu en France, Adama Traoré qui a vécu une situation similaire le jour de son anniversaire, le 19 juillet 2016. Tout deux ont eut les mêmes paroles qui malheureusement furent dans les dernières qu’ils aient pu exprimer: « Je n’arrive pas à respirer ». Ce tragique événement a causé une indignation de sa sœur Assa Traoré, qui depuis 5 ans, se bat pour obtenir JUSTICE pour son frère. La France, un État de Droit, la patrie des Droits de l’Homme ? Telle est la question. Je n’ai cité que ces deux hommes qui sont malheureusement que deux victimes parmi des centaines voire des milliers d’autres. N’étant pas spécialiste en politique, je vous laisse réfléchir sur les situations et je vous invite à en savoir plus à propos d’Adama Traoré en cliquant ici et de George Floyd en cliquant ici.
La problématique de ma lettre : C’est quoi la suite ? Une question que je me pose depuis que ce mouvement a éveillé les consciences ou permis à tous de s’exprimer ouvertement SANS TABOU. Un grand nombre de maisons, entreprises, firmes internationales ont fait part de leurs soutiens en utilisant notamment les hashtags #blacklivesmatter #blackouttuesday, en faisant des communiqués ainsi qu’en postant des images en lien avec le mouvement.
Soutenir un mouvement c’est bien mais quelles actions vont-ils effectuer pour contribuer à l’éducation de ce problème que nous, peuple noir, subissons dès la naissance ? Nul besoin de parler de l’inégalité, de la discrimination que de nombreuses personnes dénoncent de la part de grandes firmes. Embaucher plus de noirs dans les postes à responsabilités ou mieux, arrêter de recruter en se basant sur la peau d’un candidat ? Collaborer avec plus de personnalités influentes noires ? Arrêter les préjugés sur la communauté noire ? Éduquer les employés ? Expliquer le racisme, la discrimination de façon claire et précise dans le lieu de travail ? Sanctionner de façon ferme, c’est-à-dire BLACKLISTER les oppresseurs ? Je peux passer des jours, des semaines, des mois, à me poser toutes ces questions qui n’auront pas de réponses claires car ce n’est pas simple.
Ils diront qu’il y a énormément d’enjeux derrière, que cela pourrait affecter leurs structures. Oui MAIS, pourquoi travailler ou profiter de la notoriété de personnalités célèbres NOIRES s’il n’y a pas soutiens en interne ? Pourquoi se justifier pour combattre le racisme, la discrimination et l’injustice ?
“Rien n’est plus dangereux au monde que la véritable ignorance et la stupidité consciencieuse” disait Martin Luther King. Effectivement, l’ignorance en est pour beaucoup. Le but n’est pas de se justifier ni d’avoir l’accord de qui ce soit, encore moins de se faire accepter par les autres communautés. Kodd Group est une entreprise qui prône la mixité. C’est-à-dire, nous publions TOUS LES PROJETS qui correspondent à notre ligne éditoriale qui est : LA DÉCOUVERTE. Malgré cela, nous continuons à recevoir des messages d’entreprises, entrepreneurs, marques, artistes… Noir(e)s qui nous demandent si notre média, nos plateformes parlent également des Africains. Lors des premières années de Kodd, j’ai fait un choix personnel de me cacher pour faire grandir Kodd comme il le faut à CAUSE DE MA PEAU. J’étais persuadée que si nos partenaires voient que je suis noire, ils pourraient ne pas vouloir travailler avec Kodd Group. Il y a environ 1 an, j’ai décidé de sortir du silence car je me sentais prête à affronter cela.
C’est très grave car même certaines personnes de mon entourage me disait : “tu travailles chez Kodd ? J’aime trop ! Tu penses qu’ils m’accepteraient si je postule ?” “Tu peux me donner le contact du responsable de Kodd stp ? J’ai un projet à leur proposer” Et lorsque je leurs disaient que c’était avec moi qu’il fallait voir cela, que c’était moi la CEO de Kodd Group, ils étaient surpris si ce n’est choqués d’apprendre cette fameuse nouvelle.
Non Kodd Group n’est pas une entreprise occidentale. Kodd Group a été créé pour permettre aux marques, entreprises, artistes… de se faire (re)découvrir via plusieurs plateformes dans le but de mettre en confiance d’autres médias, plateformes… J’ai créé ce projet à la suite d’une problématique personnelle car il n’y avait pas à cette époque, en 2012, lorsque j’avais ma marque de vêtements, un média, une plateforme comme Kodd. Nous avons tous besoin et envie d’avoir notre PREMIÈRE FOIS sans forcément débourser un budget énorme pour se faire connaître.
Je vous confirme une énième fois que Kodd Group accepte TOUT LE MONDE. Ce que nous exigeons : LE PROFESSIONNALISME DE VOTRE PROJET/STRUCTURE.
Enfin, l’éducation doit commencer par nous-mêmes, nous devons nous soutenir en partageant nos projets, en collaborant sans crainte ni haine de voir l’autre réussir. Comme dit souvent une de mes proches: « respectons-nous avant de vouloir nous faire respecter ». Nous ne sommes qu’au début de la bataille! Pour la vaincre, nous devons arrêter de dépendre ou de vouloir l’approbation d’autres communautés. Si vous souhaitiez créer un projet qui fera avancer les choses et changer les mentalités, FAITES-LE. Il n’y a pas de petit combat, 1 LIFE 1 CHANCE.
Angela Anz
FONDATRICE DE KODD GROUP
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