Prendre du temps pour soi, ralentir et savourer l’instant : et si la clé du bonheur était de ne rien faire ? Alors que l’hyperproductivité domine notre quotidien, une nouvelle tendance émerge pour réhabiliter le repos et le lâcher-prise. C’est ce que l’on nomme la laziness culture.
Longtemps perçue comme un défaut, la paresse s’affirme désormais comme un véritable mode de vie. La laziness culture, ou culture de la paresse, déconstruit l’idée selon laquelle être débordé serait un signe de succès. Inspirée par le slow living et les nouvelles aspirations au bien-être, cette tendance revendique un droit au repos, loin des diktats de la culture de l’hyperproductivité.
Une contre-culture à l’hyperproductivité
Dans un monde où l’efficacité et la rentabilité sont devenues des valeurs dominantes, la laziness culture fait figure de révolution. Après des années d’injonctions à toujours en faire plus, les nouvelles générations prennent du recul. Le burn-out est devenu un mal courant, et la fatigue chronique touche de plus en plus de travailleurs et d’étudiants. D’où le besoin de ralentir.
Ce phénomène trouve son écho dans des concepts déjà populaires, comme le quiet quitting – qui consiste à travailler sans excès d’investissement émotionnel – ou le soft life, une approche qui privilégie la simplicité et la sérénité au quotidien. Mais la laziness culture va plus loin, elle normalise le fait de ne rien faire sans culpabilité, en mettant en avant l’importance du vide dans un quotidien saturé d’informations et d’attentes sociales.
Les réseaux sociaux, moteur du mouvement
Paradoxalement, c’est sur les réseaux sociaux – souvent accusés d’alimenter l’injonction à la performance – que la laziness culture prend de l’ampleur. Sur TikTok, les hashtags #lazygirl et #lazinessculture cumulent des millions de vues, portés par des influenceuses qui revendiquent le droit à la détente. Entre vidéos de lazy routines, de journées passées sous un plaid et d’odes au doing nothing, ces contenus prônent une approche bienveillante du repos.
Des figures comme l’auteure américaine Jenny Odell, avec son ouvrage “Pour une résistance oisive”, ont également contribué à légitimer cette démarche. Son message ? Dans un monde saturé de stimuli et d’obligations, refuser d’être productif est un acte de résistance.
Un luxe réservé à certains ?
Si la laziness culture semble séduisante, elle soulève aussi une question de privilège. Tout le monde ne peut pas se permettre de ralentir à son rythme. Derrière cette tendance se cache souvent une réalité plus nuancée, celle d’une élite qui a les moyens de choisir son emploi du temps.
Cependant, la revendication du droit à la paresse s’inscrit aussi dans un combat plus large pour une meilleure qualité de vie. Des entreprises commencent à revoir leurs modèles en intégrant des semaines de quatre jours et le télétravail permet à certains de rééquilibrer leur quotidien. La normalisation du repos pourrait ainsi ouvrir la voie à une réinvention du travail et du bien-être.
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