Tarot, sorcellerie, astrologie, rituels lunaires… Le mysticisme n’est plus underground. Il s’affichent aujourd’hui en pleine lumière, au cinéma, dans la musique, les réseaux sociaux et les marques. Un engouement qui révèle une soif de sens, d’ancrage et d’empowerment symbolique.
Alors qu’elle fut longtemps reléguée aux marges, la figure de la sorcière revient au cœur des imaginaires. Non plus comme menace mais comme archétype de résistance. De la musique à la mode, des réseaux sociaux aux campagnes marketing, le mysticisme s’affiche, se diffuse, et surtout, s’approprie. Dans une époque saturée d’incertitudes, ce nouvel engouement révèle bien plus qu’un goût pour les paillettes astrales : il signe un désir d’empowerment spirituel.
La sorcière comme héroïne moderne
Loin du folklore ou du déguisement, la sorcière pop s’inscrit dans une histoire politique. Dans les séries comme “Sabrina” ou “Motherland: Fort Salem”, elle incarne une figure féminine affranchie des normes patriarcales. La magie devient un outil de réappropriation du corps, du pouvoir, du temps. Elle perturbe l’ordre établi, crée de nouveaux récits.
Cette revalorisation de l’ésotérisme est aussi une revanche historique : celle de savoirs intuitifs, féminins, naturels longtemps dénigrés par la rationalité dominante. Le succès des grimoires 2.0, des rituels lunaires partagés sur Instagram ou des pratiques spirituelles DIY vient ainsi réparer une fracture entre science et intuition, collectif et personnel, visible et invisible.
Spiritualité connectée : une nouvelle esthétique du soin
Sur TikTok, le hashtag #witchtok cumule des milliards de vues. On y découvre des tutos pour charger ses cristaux, interpréter son thème natal ou créer un autel énergétique. Cette approche pop du mysticisme ne se vit plus en secret, mais s’assume comme une forme de self-care, de connaissance de soi et de lien communautaire.
Loin du new age des années 1970, cette nouvelle vague est digitale, inclusive, intersectionnelle. Elle s’adresse à une génération en quête d’un langage symbolique pour exprimer ses émotions, ses limites, ses besoins. Les signes astrologiques deviennent des repères d’identification, les cartes de tarot des outils de storytelling personnel et les cycles lunaires une alternative aux injonctions productivistes.
Le sacré comme réponse à l’angoisse contemporaine
Cette fascination pour le mystique émerge dans un contexte d’effondrement des repères traditionnels : crise écologique, défiance envers les institutions, instabilité globale. Face à ces failles, le mysticisme n’est pas un repli, mais une réponse adaptative. Il permet de créer des rituels personnels dans un monde déroutant. Comme accéder à une forme de pouvoir intérieur dans un environnement extérieur incertain.
Revenir à la magie, c’est aussi revenir à une forme d’écoute du vivant. Celui des éléments, des cycles et du corps. C’est reconnecter l’intime et le collectif par des gestes simples mais puissants. Ce que certains jugeront irrationnel, d’autres le vivront comme une révolution douce : une spiritualité non religieuse, à la carte, mais profondément transformatrice.
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