L’école doit rester un lieu protégé, retarder l’usage du smartphone aide à préserver l’attention et à accompagner l’éducation numérique.
Quand les écrans bousculent l’apprentissage
Depuis plus d’une décennie, enseignants et chercheurs tirent la sonnette d’alarme, l’arrivée massive des smartphones dans les cartables perturbe profondément le climat scolaire. Notifications incessantes, réseaux sociaux omniprésents et messageries instantanées qui vibrent à longueur de journée s’invitent jusque dans les salles de classe. Résultat, l’attention se fragmente, la concentration des élèves s’affaiblit, et l’école peine à rester ce lieu protégé où l’on apprend sans distraction.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont tenté de poser des garde-fous. En France, le dispositif « Portable en pause », instauré en 2018, interdit l’usage du téléphone portable à l’école et au collège, sauf pour des activités pédagogiques encadrées. Si la mesure a le mérite d’exister, son efficacité repose en grande partie sur la coopération des familles. Car le véritable défi se situe en dehors des murs de l’école : comment donner aux enfants les moyens de communiquer sans les précipiter dans l’univers, souvent addictif, des smartphones ?
Des alternatives pour concilier autonomie et protection
De plus en plus de parents cherchent des solutions intermédiaires. L’une des plus répandues consiste à différer l’âge du premier smartphone, en privilégiant des appareils plus simples. C’est dans cette logique que s’inscrit la Kids Watch de Bouygues Telecom, une montre connectée pensée pour les plus jeunes. Elle permet aux enfants d’appeler et de recevoir des messages uniquement d’une liste de contacts définie par leurs parents, tout en étant privée d’accès à Internet ou aux réseaux sociaux.
Ce type de dispositif répond à une question de fond : comment offrir un minimum d’autonomie aux enfants, pouvoir prévenir en cas de retard, rassurer lors d’un trajet sans les exposer aux risques de cyberharcèlement, d’addiction ou de sollicitations commerciales ? Loin d’être un simple gadget, ces alternatives deviennent un outil de régulation entre deux mondes, celui de l’enfance, encore protégé, et celui de l’adolescence, déjà immergé dans le numérique.
Une étape transitoire avant le smartphone
En retardant l’arrivée du premier téléphone portable complet, les parents gagnent un temps précieux. Un temps pour instaurer un dialogue sur les bons usages numériques, pour apprendre à leurs enfants ce que signifie gérer sa présence en ligne, protéger ses données, ou résister à la tentation d’une connexion permanente.
Cette phase transitoire évite l’effet de rupture brutale, passer d’aucun outil à un smartphone dernier cri, saturé d’applications, peut désorienter un jeune encore peu armé pour en comprendre les implications. Avec une solution intermédiaire, l’apprentissage devient progressif, et l’école est préservée d’une partie des distractions qui nuisent à l’attention.
Changer le regard collectif sur le numérique des enfants
Mais au-delà des solutions techniques, le débat renvoie à une vision plus large, quel rapport voulons-nous entretenir collectivement avec le numérique ? Trop souvent, le smartphone est présenté comme un passage obligé, une étape incontournable de la croissance. Or, rien n’impose d’offrir à un enfant de dix ans une porte ouverte sur l’ensemble d’Internet.
Repenser cette norme, c’est redonner de la valeur au temps de l’enfance, où l’expérimentation et la curiosité ne passent pas nécessairement par un écran. C’est aussi reconnaître aux enseignants le droit d’enseigner dans un cadre apaisé, sans avoir à lutter contre les sollicitations numériques.
L’éducation au numérique ne peut pas se limiter à la maîtrise technique des outils : elle implique une construction progressive, une réflexion sur la responsabilité, et surtout la capacité d’en faire un allié plutôt qu’un obstacle. Retarder l’arrivée du smartphone n’est pas un retard, mais un choix éducatif assumé, qui prépare mieux les enfants à affronter le monde connecté qui les attend.
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