Romans, séries ou jeux vidéo… la fantasy n’est plus réservée aux geeks ou aux adolescents. Depuis quelques années, elle conquiert un public féminin en quête d’évasion, de puissance et de récits initiatiques.
Longtemps cantonnée à des archétypes masculins ou des univers stéréotypés, la fantasy opère aujourd’hui une mue radicale. Des autrices comme Sarah J. Maas, Rebecca Yarros ou Samantha Shannon imposent de nouvelles figures héroïques complexes, féminines, souvent ambivalentes.
Ces récits fantastiques deviennent autant de parcours de reconstruction et de prise de pouvoir, où la magie se mêle à l’intime. En toile de fond, une quête d’identité, d’émancipation, et une réappropriation de l’imaginaire, par et pour les femmes.
Une nouvelle génération d’héroïnes
Dans la fantasy contemporaine, les héroïnes ne se contentent plus d’être les faire-valoir des héros masculins. Elles deviennent les piliers du récit, avec leurs forces, leurs blessures, leurs contradictions. Feyre dans “Un palais d’épines et de roses” ou Poppy dans “From Blood and Ash ” incarnent cette complexité.
Guerrières sensibles, mages vulnérables ou reines tiraillées, elles traduisent les dilemmes modernes autour de la puissance, du désir, du libre arbitre. Ce changement s’accompagne souvent d’un style plus introspectif, où les émotions et les relations jouent un rôle aussi central que les combats ou la magie.
Une quête initiatique très actuelle
Ce que raconte la fantasy, au fond, c’est une métaphore de la transformation. Chaque épreuve traversée, chaque monde exploré, chaque pouvoir découvert représente aussi un chemin vers soi.
Pour beaucoup de lectrices, ces récits font écho à leurs propres combats : dépasser les injonctions, survivre aux traumatismes, revendiquer leur voix. La fantasy devient ainsi un refuge, mais aussi un laboratoire émotionnel. Le surnaturel y sert à penser le réel comme le corps, la sororité, la peur et la résilience.
Une revalorisation de la sensibilité féminine
Loin de se limiter à l’épique ou au spectaculaire, la fantasy actuelle explore avec finesse les thématiques du lien, de la vulnérabilité et du soin. Certaines sagas valorisent les savoirs dits “féminins” : guérison par les plantes, connaissance intuitive, communication avec les esprits.
On y retrouve aussi une approche plus inclusive du pouvoir, souvent collective, où l’héroïsme passe par la capacité à protéger, à aimer ou à pardonner. Une manière de réenchanter le monde tout en le réinventant.
Quand l’imaginaire devient politique
Lire de la fantasy, c’est aussi résister à l’uniformité des récits dominants, à la standardisation des émotions et à l’injonction à la performance. C’est revendiquer le droit à l’imaginaire, à la lenteur, à l’ambiguïté.
Dans une époque saturée de rationalité, de crises et de technologies, les mondes fantastiques nous reconnectent à des élans archaïques et profondément humains. Ils deviennent un espace de projection et de transformation où tout redevient possible, surtout pour celles qu’on a longtemps tenues à l’écart du pouvoir narratif.
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