Le défilé AFROKREMA, tenu à l’Institut Français de Yaoundé au Cameroun, n’était pas qu’un simple rendez-vous esthétique. Il a ouvert une fenêtre sur l’univers fascinant de l’art capillaire africain, révélant un patrimoine riche de significations culturelles, sociales et spirituelles.
Entre tresses complexes, ornements scintillants et messages incarnés, chaque coiffure présentée était une ode à l’identité africaine et une célébration de la femme.
L’art capillaire africain : un héritage culturel et spirituel
Les coiffures africaines ne sont pas simplement des choix esthétiques. Elles sont le reflet d’une histoire riche, d’une identité collective et d’un langage visuel profondément ancré dans les cultures africaines.
À travers des siècles de pratiques traditionnelles, les cheveux sont devenus bien plus qu’une simple question de style : ils sont un moyen d’expression, un véhicule de messages sociaux, culturels et spirituels. Que ce soit par les tresses minutieusement réalisées, les perles, les ornements ou encore les motifs capillaires complexes, chaque coiffure raconte une histoire unique, liée à des traditions, des croyances et des statuts sociaux.
Un hommage à la nature et à la femme
Pour Mikelange, l’un des stylistes d’AFROKREMA “Nous voulons être des pionniers et rendre ce concept international, pour amener les gens à venir découvrir le Cameroun.” Il voit en la coiffure un outil pour rapprocher les cultures et créer un pont entre les continents.
Ces créations ne sont pas seulement des coiffures, elles deviennent des œuvres d’art capillaires qui transmettent un message sur la beauté intérieure et la force des femmes camerounaises. Par leur complexité et leur créativité, ces coiffures transcendent le simple aspect esthétique pour devenir un hommage à la culture et au patrimoine.
Un moyen d’expression sociale et culturelle
Au Cameroun, comme dans beaucoup d’autres pays africains, l’art capillaire joue un rôle clé dans le maintien de la culture et de l’identité. Dans de nombreuses cultures africaines, la coiffure est un signe de statut social, de position dans la communauté, voire d’appartenance ethnique.
Chez les Pygmées du Congo, les coiffures traditionnelles, notamment les tresses et les coiffures en spirales, sont un moyen de distinguer les différents groupes sociaux au sein de la communauté. Par exemple, les jeunes filles portent des coiffures spécifiques pendant la période de l’initiation, marquant leur passage à l’âge adulte.
Chez les Fulani, une ethnie majoritaire dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme le Niger, le Mali et le Sénégal, les coiffures sont utilisées pour afficher le statut social et l’âge. Par exemple, les femmes mariées portent des tresses particulières souvent ornées de perles et de bijoux, tandis que les jeunes filles ou les femmes non mariées affichent des coiffures plus simples et plus légères.
Ces distinctions, encore observées aujourd’hui dans plusieurs régions d’Afrique, confèrent aux cheveux un rôle bien plus significatif que celui de simples accessoires de beauté.
Les coiffures et leur importance dans la diaspora africaine
Bien que l’art capillaire africain soit profondément enraciné dans le continent, il a également traversé les océans et s’est intégré dans les cultures de la diaspora africaine. Aux États-Unis, par exemple, des mouvements comme le « Black Power » ont popularisé les coiffures naturelles, telles que les afros et les dreadlocks, comme symboles de rébellion contre les normes raciales et les pressions de la société occidentale.
Aujourd’hui encore, des événements tels que la « journée de l’afro » célèbrent cette coiffure iconique, permettant aux individus d’exprimer fièrement leur héritage africain. L’art capillaire africain, par son histoire, ses significations et sa capacité à traverser le temps et les frontières, est bien plus qu’un simple aspect esthétique.
Qu’il s’agisse de marquer un statut social, de célébrer l’identité personnelle ou de résister à des pressions sociales, chaque coiffure, chaque tresse et chaque perle racontent une histoire vivante, un acte de fierté et un hommage à des siècles de traditions. L’art capillaire africain, toujours en évolution, reste un pilier incontournable de l’identité et de la culture noire, qu’elle soit en Afrique ou au-delà des mers.
AFROKREMA rappelle que le patrimoine africain est dynamique, prêt à évoluer et à inspirer le monde entier dans une célébration collective de l’art, de l’identité et de la beauté.
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