#KODDART vous présente l’interview de Ramzi Adek un artiste dont l’univers subversif incarne une esthétique colorée et généreuse, à la croisée des chemins entre le street et le pop art. À découvrir à travers une interview exclusive pour Kodd…
#Koddart : Ton parcours
Ramzi Adek : Un mec qui a toujours eu le culot de réaliser ses idées, sans jamais savoir vraiment comment faire et surtout sans argent. Du coup, j’ai pas forcément fait toujours bien. C’était plutôt en mode « ghetto » ! (rires) Mais j’ai quand même réussi à faire des trucs vraiment cool dans ma vie : organisateur de soirées au Gibus, Bains Douches, l’Enfer, pour ne citer qu’eux, production musicale et management d’artistes, création de mon propre label. J’ai aussi été DJ. Clairement, j’étais très mauvais en calage de vinyls (rires), mais j’avais un flow de dingue pour la sélection !
Donc voilà je suis issu de la musique, de cette culture « Entertainment ». C’est au début des années 90 que j’ai décidé de m’orienter définitivement vers la peinture et le graffiti. Au final, près de 15 ans plus tard, c’est ça qui est resté !
#Koddart : Quelles sont tes inspirations ?
Ramzi Adek : Les années 80 dans tout ce qu’elles pouvaient avoir d’enthousiasmante. Les séries américaines avec ce côté lisse, enfantin, qui me plait. Les jeunes des années 1980 ont grandi avec la télévision. Ils en connaissent les codes et ont aujourd’hui soif de nouveauté. Heureux ou malheureux, le passé est toujours un espace dans lequel on se reconnaît : une bulle qui rassure. C’est d’ailleurs de cette époque que sort mon personnage Mickadek. Sa personnalité est empreinte de toute cette douceur même si son caractère lui est réfléchi pour être plutôt comme un kick dans ta face, un cri de révolte (rires). Contre quoi ?! J’en sais trop rien car il y a tant de choses à redire sur notre société moderne, mais au moins ça fait du bien.
#Koddart : Pourquoi la peinture ? Qu’entends-tu par street et pop art ?
Ramzi Adek : A cause de tous les psychologues que j’ai rencontré dans mon enfance qui m’ont fait dessiné pour soit disant me faire parler. J’ai envie de leur dire, voilà aujourd’hui je parle ! (rires) S’ils m’avaient fait faire de la pétanque peut-être que je me serai spécialisé dedans, qui sait ? (rires)
Non, pour être honnête, je ne sais pas. Je ne me suis jamais posé la question en réalité. Je fais, point final, mais je pense que tout est lié à l’enfance. Concernant mon style, je suis à la croisée des chemins entre le street art et le pop art. Mon univers est très coloré, et je prend tout autant de plaisir à peindre une toile pour l’un de mes collectionneurs que sur un mur dans le quartier de Wynwood (Miami) pour Art Basel. Et puis, il ne faut pas oublier que mon outil de travail reste avant tout la bombe aérosol (Clin d’œil d’ailleurs, à mes sponsors Boesner – Liquitex). Mon art est né du graffiti, de la rue. Alors même sur toile, j’essaie de ne pas perdre ma véritable identité.
#Koddart : Aujourd’hui les logiciels tels que Photoshop permettent aux artistes de peindre. Que penses-tu de ce phénomène d’artiste 2.0 ?
Ramzi Adek : Artiste 2.0 ! Tu as tout dit dans ta question (rires). Pour moi ce ne sont pas des artistes ! Petit à petit, je commence à faire des trucs sur ordinateur pour voir mes maquettes de murs, mais franchement je ne suis pas patient avec tout ça. Photoshop – je taquine la bête – mais c’est pas pour moi. Ca ne donne pas ce truc différent que tu ne peux pas expliquer et qui s’appelle le flow, le style.
Si je parle de mon expérience personnelle, les mecs ne font que pomper le design de mon “Mickadek Classic” (n.b. emblématique toile de l’artiste). De H&M, à Zara, galeristes ou pseudo street artistes, j’ai vu mon graphisme partout ! Mais ils le font avec l’aide de l’ordinateur et ça fait dégueulasse. L’ordinateur reste l’ordinateur. Tu ne pourras jamais retirer le flow d’un artiste. Ce qui compte c’est le style, c’est ta marque de fabrique. Tu vois, ce truc qui fait que tes collectionneurs ou les passionnés de ton travail te disent « ça c’est du Ramzi Adek ». L’Homme ne pourra jamais être remplacé par la machine. Ça peut te faciliter la tache, mais j’estime que ça ne doit pas aller plus loin. A un moment donné, du coté artiste comme du coté acheteur, je pense qu’il faut être honnête avec soi même. L’art se vit, il a une âme, pas des pixels.
#Koddart : Que penses-tu du magazine Kodd ?
Ramzi Adek : Honnêtement, j’ai découvert le magazine il n’y a pas longtemps. Pas facile de se faire vraiment une place et émerger aujourd’hui car beaucoup se lancent dans ce créneau ‘lifestyle’ sans avoir de réelle ligne éditoriale ou sans grande personnalité. Mais c’est un vrai parti pris de mettre en avant une nouvelle scène – celle du futur -sachant qu’en France on vit bien souvent dans le passé (rires). Beau challenge à suivre en tout cas. On se revoit autour d’un brut de pomme dans 6 mois pour vous donner un avis plus poussé? C’est moi qui invite !
#Koddart : Un dernier mot pour les lecteurs de Kodd ?
Ramzi Adek : Mon pote Doc Brown a dit : « Le futur n’est jamais écrit à l’avance. Pour personne. Votre futur sera exactement ce que vous en ferez, alors faites qu’il soit beau, pour chacun de vous. »
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Découvrez le second chapitre de sa série vidéo « L’ARTISANAL » réalisé en partenariat avec son sponsor Boesner et le Café Jules.
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Nous remercions L’agence WOM, pour cette interview avec l’artiste Ramzi. Suivez les actualités de Ramzi Adek sur Facebook, Twitter et Youtube. Propos recueillis par Angela Anz.
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